Premières assises de l’histoire spatiale – CNAM Paris – 11 et 12 février 2025
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Pourquoi les « Assises de l’histoire spatiale » ?
L’histoire du spatial est liée à la maîtrise par l’humanité des milieux qui l’entoure : Terre, Mer, Air, Espace. C’est aussi l’histoire de l’outil qui permet d’atteindre l’espace cosmique et, bien sûr, celles des hommes et des femmes participant à l’aventure, qu’il s’agisse des pionniers ayant ouvert la voie à l’astronautique ou cosmonautique – Goddard aux États-Unis, Esnault-Pelterie en France, Hermann Oberth en Allemagne, Konstantin Tsiolkovsky en Russie – ou aux salariés de l’industrie spatiale. L’histoire du spatial est encore celle des satellites, des missions d’exploration du système solaire, des vols habités, et des usages de services satellitaires qui se sont développés depuis les années 1960. Les activités spatiales ne peuvent plus être considérées comme uniquement contemporaines : elles ont déjà un long passé sur lequel se construit, aujourd’hui, l’histoire de demain.
Cependant, la mémoire collective est courte : rapidement, tout tombe dans l’oubli ! Qui, à part les passionnés, se souvient de Spoutnik, Gagarine ou Armstrong ? Comme d’autres domaines, le passé du spatial est sujet aux détournements, aux usages politiques, voire à la manipulation. À l’heure où les réseaux sociaux et le contexte géopolitique et culturel favorisent la désinformation et la circulation à grande vitesse de « vérités alternatives », l’histoire a plus que jamais un rôle déterminant à jouer dans la compréhension du passé, du présent et la préparation de l’avenir.
Nous avons créé l’IFHE il y a 25 ans pour sauver la mémoire orale et écrite du secteur spatial. Aujourd’hui nous souhaitons réaliser un état des lieux en France afin de provoquer une prise de conscience permettant d’améliorer la situation et d’encourager les travaux historiques.
L’histoire du spatial est aussi l’affaire des historiennes et historiens professionnels, membres de l’université, et des institutions spatiales avec lesquels nous organisons ce colloque.
L’histoire du spatial est globale. Elle est traitée de façon différente selon les pays. Aux États- Unis, la Nasa dispose d’un département entier : nous avons invité son actuel directeur Brian C. Odom. En Russie, il existe de nombreux lieux dédiés à la conservation des archives spatiales ; des congrès historiques sont organisés régulièrement à Moscou (congrès Korolev en janvier), à Gagarine (congrès Gagarine en mars), à Kalouga (congrès Tsiolkovsky en septembre), etc. En Europe, l’ESA participe activement à la sauvegarde de la mémoire du secteur : son History Advisory Committee existe depuis 1991, ses archives ont été confiées aux archives de l’Union Européenne à Florence (Italie), un programme d’histoire orale a été mené dont les entretiens sont accessibles en ligne [→ https://archives.eui.eu/en/oral_history]. Le ESA History project a été mené par John Krige, Arturo Russo, Lorenza Sebesta, relayé par l’Extended ESA History project (BR-294 de 2011), ont alimenté deux collections d’ouvrages : les 40 History Study Reports (HSR) de 1992 à 2008 et les dix ouvrages parus aux éditions Beauchesne dans une collection dirigée par l’historien des sciences Robert Halleux. En France, des travaux sont réalisés à l’université, mais aussi par les sociétés savantes et les passionnés. Ce colloque regroupe les acteurs directs et indirects et les invite à présenter ce qu’ils font et ce qu’il serait possible de mieux faire pour sauvegarder et valoriser la mémoire orale et écrite du spatial en France et promouvoir l’écriture scientifique de l’histoire. A l’issue du colloque, l’IFHE élaborera une feuille de route avec des recommandations. L’histoire peut être mise au service de la réflexion systémique et de la prise de décisions pour l’avenir à condition d’exister ! Construire l’avenir en bénéficiant des leçons du passé est illusoire s’il n’y a pas de mémoire, pas de compréhension du passé.
L’histoire du spatial est un domaine à conquérir !